JCB - PARENTS - FRERE - SOEUR. ( I )
Voici, aujourd'hui, une nouvelle catégorie, la troisième, du "Blog de JCB". Elle concerne des rétrospectives familiales. Sans la mémoire de ma grande soeur Paulette, ce premier texte n'aurait pas pu exister et la plupart des annotations ci-après, se seraient définitivement évanouies.
Le faire-part de mariage d'Albert et Marie (05/07/1929)
C'est à Gauriac, toute petite bourgade de cultivateurs et pêcheurs de l'Île Verte, au coeur de l'estuaire de la Gironde, que Jean-Albert Boutain est venu au monde, le 29 Août 1903. Une jeunesse très rude, faite de travail incessant, sans jamais de loisir ni de repos, loin de tout...sans le moindre revenu, excepté les produits de la terre ou de la mer. En 1919, la famille Boutain vient habiter dans le Médoc à Soussans. C'est lors d'une providentielle sortie à Bordeaux, en 1927, qu'Albert fait la connaissance de Marie...Quelques temps plus tard, le père de Marie: Albert Laborde, douanier à Bordeaux incite son futur gendre, à préparer le concours d'entrée dans les douanes. A 24 ans, le jeune Albert doit se mettre au travail: écriture, lecture, dictées, calcul...Il progresse rapidement et réussit du premier coup son concours. Tout se passe très vite, le mariage de Jean-Albert BOUTAIN et Marie, Jeanne, Gracieuse, Noéline, Chalotte LABORDE, a lieu le 15 Juillet 1929 à Bordeaux. Quelques jours plus tard, Albert abandonne la terre familiale, pour la frontière belge où il prend ses fonctions de douanier. Le jeune couple va habiter à Mortagne, près de Valencienne.
Photo du mariage de nos parents - 15/07/1929.
Ici, je me souviens que mon père (qui ne parlait presque jamais de sa jeunesse) m'avait une fois avoué avoir failli tout abandonner quelques semaines après son arrivée dans le Nord. En effet, la maigre solde de douanier débutant, ne permettait pas au couple de vivre et, ses parents, contrariés par son départ avaient refusé de l'aider. La lettre de démission était écrite, les bagages pour rentrer à Soussans étaient prêts. Heureusement, le matin du départ, Marie reçut une lettre de son père, très en colère, qui leur donnait l'ordre de ne pas bouger. Ce dernier s'engageait à les aider, le temps qu'il faudrait, pour leur permettre de subsister jusqu'à la titularisation d'Albert, prévue quelques mois plus tard.
1933 - La brigade des Douanes à la frontière Belge - Albert, à droite sur la photo.
Ce mauvais moment passé, une vie nouvelle, heureuse, celle là, pouvait débuter, d'autant que le 6 Juin 1930, à Bordeaux, 7 Rue des Faussets (Lieu de résidence des grands parents maternels) naissait Paulette, Madeleine, Elise BOUTAIN. Désormais, c'est donc, dans le Nord de la France, qu'Albert, Marie et Paulette, vont passer les plus belles années de leur vie. Je me rappelle très bien que ma mère, l'oeil brillant et malicieux, aimait parler souvent et avec chaleur de ses moments privilégiés, de joie partagée, ou leurs amis (et en particulier le couple Menant) tenaient toute leur place. Lui, Camille Menant, travaillait avec mon père. C'était un bon vivant qui avait toujours un mot gentil ou une bonne histoire à raconter. Elle, Marie-Louise (Malou) aimait par dessus tout, rire et s'amuser, elle sera, plus tard, ma marraine.
1934 - CAMILLE ET MARIE-LOUISE - MAMAN, PAPA, ET PAULETTE (A MORTAGNE)
Dix années, à peine, vont se dérouler dans ce climat. Ce seront les seules "années bonheur", de la vie de nos parents. Fin Août 1939, mon père reçoit sa nomination pour diriger la brigade des douanes de Gujan-Mestras et en même temps, malheureusement ...Les sirènes et tocsins résonnent et hurlent dans les 36 000 communes de France...C'est la dramatique annonce: La France et son alliée l'Angleterre signent la déclaration de guerre contre l'Allemagne!!!
Nous sommes le 3 Septembre 1939, Albert reçoit rapidement son ordre de mobilisation pour Angers, où la famille vivra quelques temps. En Juillet 1940, ma mère est alors enceinte de plus de 7 mois, il est temps pour elle de se reposer. Elle part donc, avec Paulette pour rejoindre Biarritz, où le grand père Laborde a pris sa retraite avec son épouse et leur deuxième fille Madeleine. Peu avant de partir pour le front, en Allemagne, mon père dit à Marie: "Si c'est un garçon, il s'appellera Jean-Claude".
Quelques mois après sa naissance, Jean-Claude dans les bras de sa maman, en compagnie de Paulette, papa et tante Madeleine.
Le 26 Août 1940, au troisième étage de la villa "Tokki Hobian" en basque (Le bon coin en français) Avenue de Grammont à Biarritz, Jean-Claude arrive au monde.
Paulette et le bébé Jean-Claude, fin 1940.
A cette époque et par courrier, Albert a fait savoir qu'il était toujours en vie mais prisonnier des allemands. Une fois ou deux, plus tard, j'ai entendu mon père évoquer, avec son copain Deltéral du Teich, les épisodes de leurs tentatives d'évasion, dont la dernière fut heureusement la bonne. Dès la fin de l'année 1940, très affaibli et malade, il nous retrouve à Biarritz. L'administration le réintègre tout de suite et il prend son poste, à la tête de la brigade des douanes de Gujan-Mestras, qui compte une petite dizaine de collègues. Albert, Marie, Paulette et Jean-Claude, tous les quatre réunis maintenant, nous habitons désormais, Rue de la Poste (Jules Barat à présent) un petit et modeste logement derrière la Maison Grise.
1942 -LA COMMUNION DE PAULETTE - JEAN-CLAUDE A DEUX ANS.
1944 - La plage du Port de Larros - Maman - Jean-Claude - Paulette.
La période de l'occupation allemande sera un autre très mauvais souvenir. Mon père fait alors partie des FFI (Forces Françaises de l'intérieur) en lutte contre l'occupant. Le couvre feu est permanent, la "Maison Grise" est le siège du PC allemand local et, tout petit, je peux lire sur les visages de ma mère ou de ma soeur, une inquiétude extrème, lorsque le soir, très tard et très souvent, mon père n' est toujours pas rentré... En 1945, avec la Libération, la vie reprend son cours. Moment de joie intense en 1947, Paulette réussit un difficile concours d'entrée à l'Ecole Normale d'institutrices de la Gironde, à Caudéran. Elle est interne et ne bénéficie que d'une seule sortie, le week-end, toutes les trois semaines. Mes parents sont aux anges, mon père a trop souffert, petit, du manque d'éducation, désormais: une fille institutrice, c'est inespéré...et, de plus, toutes les études de Paulette, pendant quatre ans, seront gratuites...
LES GRANDES VACANCES A BIARRITZ.
JUILLET 1947 - PAULETTE VA RENTRER A L'EN. On reconnaît sur la photo: Paulette et Jean-Claude, Jeanne et Madeleine Laborde (mère et soeur de maman). A droite, papa et Jean-Claude, devant le Casino Bellevue, le long de la grande plage, au fond on distingue l'Hôtel du Palais à côté du phare.
Quelle belle revanche pour un petit fonctionnaire qui se confronte chaque fin de mois aux problèmes financiers, mais qui veut toujours faire plus et mieux que les autres!!! C'est maman qui gère les comptes. Sans le dire: elle fait chaque mois de petites économies, grâce à de fréquents et assez lucratifs travaux de broderies. Elle se plaint souvent quand les prix augmentent et répète volontiers: "Ce mois-ci, on n'y arrivera jamais..." mais, en fait, elle y arrive toujours... Le gros problème, pour elle, c'est que le tempérament de papa (qui le pousse toujours à aller de l'avant) lui fait engager des dépenses nouvelles. Ainsi, dans Gujan, il est l'un des premiers à vouloir une automobile. Dès la Libération, il achète une 401 Renault (d'occasion bien sûr) avec laquelle nous partons tous les étés passer les grandes vacances, pour Biarritz, évidemment (Comme les riches). Ensuite, notre père (toujours avant les autres) fait installer le téléphone, puis la télévision...Ces nouvelles technologies le passionnent. Pour minimiser le budget familial, papa va plusieurs fois par mois à Bordeaux, grâce à sa carte gratuite de transport. Il a rendez-vous chez son frère Elie, qui vient d'ouvrir une grosse épicerie, 39 Rue François de Sourdis. Il remplit et ramène à chaque fois, un immense sac marin de nourriture, pour un prix modique.
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Une photo des vendanges, à Soussans, en 1937, on reconnait: papa et ses parents, maman et Paulette.
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Au moment où je termine cette première partie, les souvenirs nombreux, me reviennent, mais je dois aller à l'essentiel...Aussi, après avoir écrit: je lis, je relis, je corrige et recorrige, j'ajoute et je supprime sans cesse. Mais, en même temps je pense à ces moments difficiles ou joyeux. A plusieurs reprises, j'ai versé quelques larmes...A coup sûr, ce sont des larmes de joie, venues du plus profond de moi-même où elles sont restées bloquées, trop longtemps peut-être...Quelle chance de les évacuer, avec la très ferme conviction, Paulette et Bernard (qui n'arrivera qu'en 1950)...
...Avec la très profonde conviction donc...Paulette et Bernard, que nous pouvons être infiniment fiers de nos parents.
FIN de la première partie...A SUIVRE...
Ici, s'achève la première partie de la série: "JCB - Parents - Frère - Soeur" (1903/1947) Je vais rajouter quelques photos - La suite sera consacrée à la période 1948/1961 - Une troisième et dernière partie évoquera les années 1961/2000.
J'avais prévu un épisode pour: "JCB - Parents - Frère - Soeur"... En fait, il y en aura trois...et peut-être même, quatre...
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